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12, rue Chabanais, Paris IIe
A Paris, non loin du jardin du Palais-Royal, le 12 de la rue Chabanais est un immeuble de huit étages à la façade très discrète... et coincé entre deux restaurants asiatiques rien ne laisse aujourd'hui deviner qu'ici un véritable Temple de la luxure a fonctionné entre 1878 et 1946. Soixante-dix ans de fêtes et de parties fines dont il ne reste maintenant qu'une rampe d’escalier et deux portes en fer forgé. Car contrairement "Aux Belles Poules", à la Maison Souquet ou au "10 bis" dont nous avons parlé ici récemment, Le Chabannais lui… ne rouvre pas.
A la tête de cette célèbre maison close, la tenancière a longtemps été Mademoiselle Kelly, mystérieux pseudonyme d’Alexandrine Jouannet. Puis Mme Darcourt assura la suite jusqu'à la fermeture des "Maisons" en 1946.
A la Belle époque, le Chabanais est alors mondialement réputé. Dans de somptueux décors, Albert prince de Galles, fils aîné de la reine Victoria, et futur roi du Royaume-Uni au nom d'Edouard VII mais surnommé Bertie par ses favorites y avait sa baignoire à champagne en cuivre rouge et son fauteuil d’amour à trois places !
Le Chabanais est alors une telle institution qu’il est inscrit au programme des réjouissances d’État. La République laisse ainsi à ses prestigieux visiteurs le choix entre une soirée à l’Opéra, la visite privée d’un musée, ou une nuit inoubliable chez Mademoiselle Kelly.
Ainsi, inscrite au programme officiel du protocole, la visite au Chabanais devient même sur le cahier de réservation de "l’Établissement" : la « visite offerte par le Président du Sénat ».
Les passes sont chères, en moyenne l’équivalent de deux mille euros pour une nuit entière. Et même jusqu'à 3 000 ou 4 000 euros en fonction des "extras". Mais les prestations sont de qualité car les demoiselles Margot, Marthe, Irma, Camille, Nadia ou Mimi… et les 18 autres filles qui travaillent-là sont régulièrement soignées (avec une visite obligatoire hebdomadaire chez un médecin) et joliment apprêtées : on les emmène deux fois par an chez le tailleur Krebs pour recevoir guêpières et robes affriolantes.
S'il est aujourd'hui un lieu oublié : le 12, rue Chabanais a longtemps été "La" maison close d'une élite mondialisée.
>> L’entrée du Chabanais, dans les années 1920, photographie anonyme (courtoisie Galerie Au Bonheur du Jour, Paris).
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>> Vue de l’exposition « Splendeurs et misères. Images de la prostitution. 1850-1910 » au Musée d’Orsay en 2016. Au premier plan, le fauteuil d’amour à trois places d’Edouard VII au Chabanais. Les tableaux montent aussi (à gauche), Valtesse de la Bigne, une célèbre horizontale et (à droite), Mademoiselle de Lancey.
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>> La fameuse baignoire en cuivre d’Edouard VII au Chabanais, vendue aux enchères en 1951 par Maurice Rheims à la fermeture du bordel, (photographie anonyme).
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